Printemps intérieur : comment notre langage corporel reflète notre état émotionnel du moment
À l’arrivée des beaux jours, il n’y a pas que la nature qui se réveille : notre corps aussi. Le printemps, souvent perçu comme une saison de renouveau, d’énergie retrouvée ou de mise à plat intérieure, agit subtilement sur notre communication non-verbale. Sans que nous en ayons conscience, nos postures, nos gestes et nos expressions se modifient en fonction de notre état émotionnel et mental.
Mais comment ces signaux se manifestent-ils ? Que révèlent-ils de nous ? Et surtout : peut-on apprendre à les lire sans tomber dans l’interprétation abusive ?
Le corps, reflet de l’émotion
Notre système nerveux autonome module en permanence notre posture et nos micro-mouvements en fonction de nos états internes (Porges, 2011). Ainsi, une personne stressée aura tendance à se replier légèrement, à croiser les bras, à contracter la mâchoire ou à faire des gestes répétitifs. À l’inverse, un état émotionnel apaisé favorise des gestes plus ouverts, des postures plus détendues et un rythme respiratoire plus fluide.
Ces ajustements corporels sont souvent involontaires, et c’est précisément ce qui fait leur richesse : ils parlent de ce que nous vivons sans filtre.
Quand le corps contredit les mots
L’un des principes fondamentaux de l’analyse comportementale repose sur la notion de congruence : l’alignement entre ce que je dis et ce que je montre. Lorsque ce n’est pas le cas, notre interlocuteur perçoit une forme d’incohérence… même sans pouvoir la nommer.
👉 Un exemple classique : dire « tout va bien » d’une voix monotone, les épaules rentrées, le regard fuyant.
👉 Une main qui s’agite quand on parle d’un sujet sensible.
👉 Une posture rigide alors qu’on affirme être « détendu ».
Ces écarts peuvent être subtils mais suffisants pour éveiller une forme d’alerte chez l’observateur attentif (Ekman & Friesen, 2003).
Observer sans juger : la clé d’une lecture juste
L’observation du non-verbal ne consiste ni à deviner, ni à interpréter à la hâte. Il s’agit d’une démarche rigoureuse, qui repose sur l’analyse de plusieurs indicateurs répétés dans un contexte précis.
Selon Burgoon et Guerrero (2011), le comportement non-verbal prend tout son sens lorsqu’il est contextualisé : qui parle ? À qui ? Dans quelle situation ? Qu’est-ce qui précède ou suit le comportement observé ?
C’est en croisant les données verbales, non-verbales, relationnelles et environnementales que l’on peut tirer des hypothèses solides.
Un exercice simple pour le mois de mai
Chaque matin pendant une semaine, prenez deux minutes pour observer votre posture devant un miroir. Ne changez rien, ne jugez rien. Notez simplement :
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Comment vous vous tenez naturellement ?
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Où se situent vos tensions ?
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Votre respiration est-elle haute, bloquée, ou libre ?
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Vos gestes sont-ils fluides ou hésitants ?
Puis, comparez ces observations à votre état émotionnel du moment. Avec le temps, vous développerez une meilleure conscience de la manière dont vos ressentis influencent votre langage corporel.
Conclusion
Le printemps est un bon moment pour se reconnecter à soi, non pas par les pensées, mais par le corps. Notre langage non-verbal n’est pas un code figé, mais un écho subtil de ce que nous vivons. Mieux le comprendre, c’est s’ouvrir à une forme d’écoute plus fine, plus bienveillante — envers les autres, mais surtout envers soi.
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📚 Références
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Burgoon, J. K., & Guerrero, L. K. (2011). Nonverbal Communication. Routledge.
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Ekman, P., & Friesen, W. V. (2003). Unmasking the Face: A Guide to Recognizing Emotions From Facial Clues. Malor Books.
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Porges, S. W. (2011). The Polyvagal Theory: Neurophysiological Foundations of Emotions, Attachment, Communication, and Self-Regulation. W. W. Norton & Company.
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