La communication interculturelle




La psychologie, le comportement humain et la communication interpersonnelle sont depuis longtemps étudiés en détail et reçoivent de nombreuses applications pratiques pour le grand public. Ceci se traduit notamment par la création de différentes formations et séminaires de développement professionnel ou personnel. Par ailleurs, nombreuses sont les situations dans lesquelles des professionnels (entrepreneurs, ingénieurs, managers, décideurs, etc.) ont à travailler avec des partenaires étrangers ou à s’immerger dans un milieu multi-national.
Cependant, en matière de communication, il est un aspect parfois négligé : celui de la dimension interculturelle. De cette façon, la communication semble n’être présentée et perçue que comme un ensemble de comportements universels, d’une part, et de traits propres à la personnalité de chacun, d’autre part. La culture des interlocuteurs est alors bien souvent, quant à elle, vue comme se limitant aux us et coutumes, voire à une suite d’éléments relevant d’une sorte de « folklore » venant à la périphérie de ce qui constitue le coeur de l’échange.

« Le meilleur moyen d'approfondir la connaissance de soi 
est de prendre au sérieux la culture des autres » Edward T. Hall

L’étude de l’expérience passée des professionnels en la matière montre que l’absence de prise en compte de cette dimension, qui n’est pas toujours d’emblée apparente, débouche le plus souvent sur des incompréhensions mutuelles qui peuvent conduire à l’échec du projet en dépit de convergences de vues sur l’aspect purement « technique ». Même si les choses tendent à évoluer, les aspects qui prédominent pour décider de l’envoi d’un cadre à l’étranger pour collaborer avec des partenaires étrangers dans le cadre d’un projet se cantonnent souvent à l’aspect matériel : compétences techniques de l’intéressé, conditions d’accueil sur place, aptitude médicale et vaccins, connaissance de la langue, etc. Chacun a tendance à se rassurer en se disant qu’en se concentrant sur ce qui est vu comme le « fond », à savoir l’objet de la mission, les différences culturelles ne joueront pas. En réalité, il s’agit là d’une erreur. En effet, si la mission a bel et bien un objet technique, au sens large, elle s’inscrit dans une logique de coopération entre humains et passe donc par la bonne compréhension les uns des autres.
L’approche interculturelle ne consiste pas à lister des us et coutumes de tel groupe. Elle doit aider à se poser des questions et à y trouver des réponses en observant et en écoutant ses interlocuteurs. Quelle que soit la culture de ceux-ci, les questions sont les mêmes et nous interrogent en miroir sur nos pratiques, nos valeurs et leur caractère relatif. Pour citer quelques exemples, on peut mentionner le rapport au temps, à l’espace, la culture de l’individuel par rapport à celle du collectif, la place de la tradition et la religion dans le quotidien, le rôle du statut social et de la hiérarchie, le rapport au travail ou encore la gestion des désaccords. Ce ne sont ici que quelques exemples et il convient, évidemment, d’y inclure la place de la communication et du relationnel.
Les chercheurs qui ont étudié ces sujets ont mis en évidence trois niveaux : technique, formel et informel. Le premier est constitué par toutes les règles visibles, signalées. Il inclut notamment les données qui apparaissent comme le  « fond » de la mission : finances, ingénierie, compétences médicales, etc. On y trouve également tous les règlements qui régissent le quotidien. Pour peu que les compétences soient présentes et que le canal linguistique fonctionne, ce niveau ne pose généralement pas de problèmes. Le niveau formel est, lui constitué par toutes les règles et les valeurs qui, si elles ne font pas l’objet de textes ou de signalisation, sont néanmoins repérables avec de la pratique. Il s’agit notamment des règles de comportement au travail et de courtoisie en société. L’individu les a acquises de manière consciente dans sa culture. Pour ne pas constituer des obstacles, ces règles doivent être comprises en intégrant les différences et en faisant un travail d’acceptation dans le cas des différences. Le dernier niveau, l’informel, est celui qui peut causer des difficultés et brouiller la communication. En effet, il est constitué par des éléments dont l’individu s’est imprégné inconsciemment par son milieu culturel et qui lui semblent universels, ne suscitant aucun questionnement. Ces règles touchent à des domaines tels que le comportement quotidien, la manière de raisonner, la conception des relations humaines, la gestion des désaccords, le sens de l’équité, etc. Il est souvent difficile de percevoir et d’accepter ces règles pour l’interlocuteur venu d’une autre culture.
Le fait d’adopter ce regard, de se poser ces questions et d’y trouver des réponses sans se situer dans le jugement de valeur, permettra d’avoir une communication de qualité avec son interlocuteur, d’identifier les difficultés, les anticiper. Quel que soit le projet à réaliser avec des partenaires d’une autre culture, il convient toujours de garder en mémoire qu’au delà de l’aspect technique, le succès est toujours du à l’humain. Il existe des variables universelles communes à tous les hommes, d’autres sont individuelles car chaque humain est unique et il existe enfin des variables culturelles qui caractérisent les membres d’un groupe par rapport à ceux d’un autre.


Karim Himeur 
Formateur chez Profil Humain

Profil Humain propose des séances de sensibilisation à cet aspect de la communication interpersonnel.

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